Si vous passez du côté de Nashville (Tennessee) un jour, on ne saurait trop vous conseiller d’aller faire un petit tour du côté de deux distilleries artisanales, toutes deux voisines et situées dans le quartier de Marathon Village, à seulement quelques minutes du centre ville de Music City : la Nelson’s Green Brier Distillery d’une part, et la Corsair Distillery de l’autre. Aussi, si vous avez pu faire un détour par Lynchburg pour visiter comme nous celle de Jack Daniel’s en amont, ces deux visites vous donneront un tout autre aperçu de la fabrication du whiskey (entre autres). Du colosse à la production démesurée et aux installations gigantesques d’un côté, à des distilleries opérées de manière artisanale, avec des équipements plus modestes et des productions bien plus confidentielles (mais néanmoins très reconnues), le contraste est assez saisissant et pas moins passionnant.

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Commençons par la Nelson’s Green Brier Distillery, dont la récente renaissance tient à une histoire assez folle tout de même… En effet, il s’avère que Green Brier était le plus gros producteur de whiskey connu à la fin des années 1800, plus grand donc que son voisin Jack Daniel’s, ainsi que le premier à le vendre en bouteilles. Mais la prohibition passant par là, dès 1909 à Nashville, la distillerie avait ensuite disparue. Ce n’est qu’en 2006, et par le plus grand des hasard, qu’elle allait renaître : Andy et Charlie Nelson, partis acheter de la viande à Greenbrier (au nord de Nashville), tombent sur un vestige de leur héritage whiskey, une plaque au nom de leur arrière arrière arrière (!) grand-père et un vieux hangar qu’avait bâti leur aïeul a proximité de la source d’eau si indispensable à la production de son whiskey. Poursuivant leur exploration des lieux, ils rencontrent peu après une personne qui leur présentera deux bouteilles originales du fameux whiskey qui y était encore produit 100 ans auparavant. Une révélation pour les deux frères qui y voient comme un signe du destin. Aussi, après 3 ans de recherches, ils relancèrent en 2009 le business familial, exactement 100 ans après que la prohibition ne l’ai obligé à fermer.

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La visite de la distillerie permet de se familiariser avec cette histoire dans un premier temps, avant de faire le tour sans restriction de l’ensemble des très belles installations actuelles, des cuves de fermentations à l’embouteillage en passant par l’alambic bien entendu et le grand espace où tout le whiskey est vieilli en fûts. C’est beau, c’est neuf, et ça donne un bon aperçu de la manière dont y est réalisé le whiskey. Et comme toujours dans ces cas là, le tour se conclut au bar des lieux afin de déguster comme il se doit les différents produits de la distillerie : son Belle Meade Bourbon, son Sherry Cask Finished Bourbon, et désormais également son nouveau Tennessee White Whiskey, basé sur la recette historique de la famille.

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Passons à la Corsair Distillery à présent ! Située à quelques mètres seulement de celle des frères Nelson, elle est également une brasserie où vous pouvez déguster tranquillement une des productions locales (blondes, brunes, IPA, ou même cidre). C’est d’ailleurs assez incroyable puisque la brasserie / distillerie occupe probablement moitié moins d’espace que sa voisine, mais produit pourtant, outre ses bières, un panel impressionnant d’eaux de vie : whiskeys bien sûr, mais aussi des gins, vodkas, rhums, et même absinthe, très originaux !

Le secret ici repose certainement sur leur alambic : centenaire, celui-ci date donc même d’avant la prohibition. Aussi, par sa singularité, il confère aux spiritueux confectionnés par Corsair un goût bien particulier que les alambics plus récents utilisés par les autres distilleries ne saurait reproduire. Aussi, malgré sa taille, relativement petite, il n’en tient pas moins la cadence avec le succès rencontré par la distillerie : de 6000 caisses produites en 2012, Corsair est passé à 14000 en 2014. Une goutte d’eau évidemment si on compare aux millions produites par Jack Daniel’s ou Jim Beam, mais qui n’en marque pas moins l’intérêt croissant des amateurs pour ces distilleries artisanales et leurs « small batches ». Le petit tour des lieux permet également de découvrir l’espace où vieillit pendant 6 mois dans des fûts de rhum épicé l’un de leurs gins (entre autres, mais bizarrement absent de leur site à l’heure où nous publions) et, comme vous vous en doutez déjà, se termine par une dégustation de quelques références 🙂

En définitive, voici deux petits tours indispensables à faire si vous êtes dans les parages, et qui complèteront parfaitement une visite chez le géant de Lynchburg par exemple, révélant la diversité des approches possibles, de l’industriel au tout manuel, et du Tennesse whiskey au bourbon en passant par des créations complètement originales et uniques (e.g. le Quinoa Whiskey de Corsair pour n’en citer qu’une).

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